lundi 9 décembre 2013

Gâteaux de Noël, appelés Bredle

La tradition veut qu'une bonne ménagère alsacienne ait pendant la période de Noël, des boîtes en métal pleines de petits gâteaux au beurre.
Les gens qui passeront chez elle se verront offrir le café accompagné de ces fameux "Bredle" (nom provenant sans doute du mot "Brötchen" allemand).
Au singulier "a Bredel", au pluriel, " Bredle", et non le très répandu "Bredele" qui s'impose et me hérisse, parce que je déteste qu'on déforme ma langue. Que celui qui ne sait dire "'Bredle" dise "petits gâteaux" ou utilise le mot allemand "Plätzchen".
Dans ma jeunesse, quand deux femmes se rencontraient dans cette période d'avant Noël, elles ne manquaient jamais de dire "Jo, je n'ai fait que 7 sortes cette année". Car le but était bien sûr d'épater la voisine avec les nombreuses sortes de petits gâteaux.
Aujourd'hui, j'entends surtout des femmes qui culpabilisent: "Je n'ai pas encore eu le temps de faire des Bredle", m'a encore dit une collègue ce matin. "j'en ferai au début des vacances".
Car l'époque où les femmes restaient au foyer et avaient le temps de se consacrer à la fabrication des gâteaux est révolue. Ma collègue à la retraite depuis peu m'a dit: "Cette année j'ai pu faire mes Bredle tranquillement, sans avoir à les caser entre un conseil de classe et une réunion parents-profs".

Le mieux dans cette tradition était autrefois les mises en commun, la joyeuse fabrication en ateliers de voisines, tantes, cousines. Je me souviens de ces soirées chez ma grand-mère, quand Gretel venait aux nouvelles et la Bertha apportait son, grain de sel.
On riait comme des folles, mains, tabliers et cheveux pleins de farine. C'était si bien, et nous ne savions pas alors que cela ne durerait pas toujours. Je ferai quand même des Bredle bientôt, même si personne ne sonne à la porte à l'improviste, même si aucune voisine ne vient me voir, même si mes enfants ne les finissent pas, même si je suis seule dans ma cuisine avec mes souvenirs et ma pâte à gâteaux.